J'étais déjà enceinte jusqu'au bout du nez, j'ignorais tout de mon bébé et j'avais déjà décidé qu'il
s'agirait d'une fille ! Le choix du prénom me tracassait... Kim comme dans les téléromans, non;
Charlélie comme mon chanteur préféré... copieuse; Nitassinan : référence dangereuse; Olga,... mes
racines ne viennent pas d'aussi loin ; bref, le choix me turlupinait.
Un soir que j'étais en Acadie, à Shippagan, un ami de mon père est venu présenter ses plus belles photos.
Et il est doué cet ami. Sito Bito, c'est son pseudo, avait apporter une caisse pleine de boîtes de diapos.
On en aurait pour la nuit. Cli-clic! Cliclic! Clic-clic!
Soudain, une photo me réveille en sursaut. C'est un iris sauvage grandi dans un fossé, léger comme une
âme, habillé de rosée, éclairé des premiers rayons du soleil et entouré d'herbes folles allumées d'un
vert translucide. On aurait dit une divinité. Clic-clic ! -NOOOON! Reviens en arrière ! ...» J'étais
médusée. Engloutie par cette image exceptionnelle révélant la beauté exceptionnelle de cette nature qui
n'a rien --rien ? -- d'exceptionnel, qui nous entoure et qui doit avoir été créée par un souffle... divin.
C'est certain. Cette image était marquante mais pas au point de baptiser ma fille sur-le-champ.
Florence Michel
Le 16 novembre 2001
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Quelques semaines passèrent. Nous étions sur les routes de l'Ontario. En pleine région industrielle.
Nous cherchions des prénoms. Le père de ma fille se nomme Godot. Il aimait le prénom Maire-Claude.
J'étais au désespoir. C'est joli Marie-Claude, mais quand nos parents ont fait l'effort d'entamer un
mouvement de caractère il faut poursuivre l'élan non ? Soudain, comme par magie, alors que nous
arpentions la lettre i de l'alphabet des prénoms, ensemble nous avons dit : -Iris ! Il y eut comme un
double écho dans l'auto. Puis un long silence brisé par l'éclat de nos rires. Parfait. Paaarfait.
Elle se nommerait Iris.
Le jour de sa naissance, quand je l'ai vue, je l'ai tout de suite reconnue, c'était bel et bien Iris.
Iris la déesse messagère des Dieux, Iris la sauvage des prés de l'Acadie, la grande Iris avec son âme
légère, ses habits de rosée, Iris avec toute sa lumière...
En fait elle porte le prénom Iris-Georges, en mémoire de mon grand-père. Et elle porte toute cette
identité à merveille. Mieux que je ne l'aurais jamais imaginé... La prochaine, me dit Sito Bito, elle
se nommera Awana, la déesse des fleurs en amérindiens. » On verra...
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